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Orientation scolaire : prendre son temps serait-il devenu un luxe ?

S’extraire un instant des pressions sociales et sociétales

Le philosophe Zygmunt Bauman aimait à qualifier notre société de « société liquide », éphémère par bien des aspects. Notre culture de l’instantané et de l’immédiat laisse à penser au jeune que son choix d’orientation pourra se faire, lui aussi, sur la même cadence. Et de surcroit, que celui-ci sera assez déterminant pour son avenir, tant notre société accorde de l’importance au classement et au diplôme. Voici là deux postulats forts paralysants, tant ils figent la pensée, laissant peu de place à l’hésitation ou à l’erreur.

S’accorder du temps

Pour bien s’orienter, ce sont des préceptes opposés qu’il conviendrait de choisir. Le plus souvent, un choix nécessite un temps de mûrissement incompressible, encore plus grand lorsqu’on est jeune et peu préparé au monde professionnel. Alors il faut oser prendre ce temps pour avancer à tâtons, douter puis y revenir, et aboutir enfin à un choix pleinement sien. S’accorder ce temps serait-il devenu un luxe ? Craindrions-nous d’y voir le signe d’une faiblesse de jugement ? La preuve d’un manque de confiance ou de convictions ? L’expression malicieuse d’avenirs chargés d’incertitudes ?

Une essentielle quête personnelle

Qu’il serait dommageable de céder à la pression. L’orientation n’est pas un dossier à traiter dans les plus brefs délais. L’orientation questionne, interroge et bouscule parfois. Elle exige de l’attention, des recherches, des rencontres. Car le champ des possibles est immense. Cette quête de sens est nécessaire pour qui souhaite faire des choix libres et authentiques.

Si le jeune s’engage dans ce chemin – et s’il est soutenu dans sa recherche, il saura trouver les lignes conductrices qu’il souhaite voir guider son avenir. Alors, il se sentira à l’aise pour élaborer des projets pour demain. Des projets en résonance avec ses fondamentaux, solides repères – aussi personnels que structurants.

Trouver de bons appuis

Bien que très personnelle, cette démarche a besoin d’être appuyée et encouragée. Un naturel essoufflement ne traduit pas un désintéressement du jeune, mais davantage une difficulté face à une tâche difficile et parfois angoissante.

Bien souvent, nous constatons auprès des lycéens que nous accompagnons qu’ils ne sont pas encore assez autonomes et assurés pour mener seuls ces démarches. Les parents, professeurs, professionnels, conseillers sont un appui précieux et même indispensable. Ils doivent avant tout leur apporter de l’écoute, de la bienveillance et un questionnement pour accompagner la réflexion. Lorsque les pistes sont bien avancées, c’est en facilitant à des mises en relation qu’ils vont pouvoir aider le jeune à valider ses projets et à mettre en place les dernières actions concrètes à mener pour aboutir.

Cheminer, sans pression ni urgence

Un cheminement exigeant donc, qu’il est intéressant de démarrer assez tôt, en début de Lycée par exemple. Non pas pour écarter au plus vite ce « caillou dans la chaussure » et lever une bonne fois pour toutes les incertitudes pèsent, mais au contraire, pour se laisser le temps de murir, sans pression ni urgence.

Axelle LARROUMET
Fondatrice du Réseau CLEDO | Orientation Professionnelle et Scolaire
Auteur de “réussir son Orientation”, ED. Hoblik, 2017
www.cledo.fr

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