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Le bon moment pour réfléchir à son orientation scolaire

Quel est le bon moment pour l’orientation d’un jeune ?  A quel moment faut-il se préoccuper de l’orientation scolaire ?

Cette question nous est souvent posée, en particulier par des parents qui par expérience, savent que beaucoup « s’y prennent un peu tard » (1). Ce qui est d’ailleurs contradictoire avec d’autres messages fréquents : « on commence à leur parler orientation alors qu’ils ne sont encore que des enfants ». « Comment, à 15 ans, pourraient-ils savoir ce qu’ils veulent faire demain ? », « même moi adulte je ne sais pas ce que je ferai dans 5 ans ! ».

Les parents qui vivent avec leur enfant cette période stressante, veulent avant tout ne pas être pris de court face aux échéances et souhaitent pour cela que le sujet soit anticipé afin de permettre à leur enfant de se préparer dans de bonnes conditions. Ceci est un objectif essentiel.

Se préparer dans de bonnes conditions signifie ne pas être pris par le temps et avoir toute latitude pour laisser mûrir le sujet. Car oui, dans l’orientation il y a des temps longs, il y a des temps courts.

Les temps longs

Les temps longs sont essentiels. En négociation, nous savons que celui qui est pressé par le temps est en position de faiblesse. Il en est de même pour l’orientation. Le jeune qui se retrouve face à des délais très courts n’aura ni la sérénité, ni la qualité de réflexion pour aborder des choix aussi engageants. Nous savons des neurosciences que l’anxiété réduit très sensiblement notre créativité et que notre répertoire pour nous exprimer se resserre sur quelques centaines de mots.
Le risque est alors, manquant de temps pour ouvrir la réflexion et l’approfondir, de faire des choix standards, avec une forme d’évidence mais aussi de banalité. Des choix désincarnés en somme.
Plutôt que de construire un avenir qui lui ressemble, le jeune cherchera répondre à des normes et représentations sociales qui le représentent peut-être assez mal. Sous la pression, nous sommes le plus souvent dans l’incapacité de penser et agir différemment de ce à quoi nous sommes habitués. Nous allons chercher de la réassurance dans ce qui nous est familier. Le phénomène d’autocensure, facteur de biais majeur dans l’orientation (2), se développe et vient scléroser la démarche.
Nous manquons alors le rendez-vous, celui d’un choix personnel, intimement fondé. C’est tout à fait regrettable pour un premier choix d’avenir où le jeune devrait saisir l’occasion pour commencer à acquérir de l’autonomie dans sa capacité à faire des choix personnels pour sa vie. Des choix réfléchis et assumés, pour en être demain le premier acteur, le premier promoteur.

Ce temps long plaide donc en faveur d’une réflexion sur l’orientation scolaire et professionnelle très en amont de la Terminale.

Il faut toutefois veiller à en adapter le contenu. En fin de collège, un travail sur l’orientation devra proposer une démarche de meilleure connaissance de soi et un parcours exploratoire autour de plusieurs voies qui semblent pertinentes au regard des talents et aspirations que le jeune aura pu identifier en amont.

En début de Lycée, nous allons beaucoup plus loin dans une projection d’avenir et commençons à approcher la dimension métier et emploi. Nous raisonnons aussi de manière stratégique par rapport aux choix d’options qui peuvent fermer certaines portes ou rendre plus difficilement réalisables certains projets en fin de terminale.

La Première est une période assez idéale, le jeune ayant une bonne maturité, entrevoyant avec plus de netteté cet horizon du post bac et pouvant disposer d’une année qui laisse un peu de temps à des réflexions ouvertes. C’est aussi un moment idéal pour faire des démarches plus poussées autour de ses premiers choix : rencontre d’étudiants, portes ouvertes, stages, échanges avec des professionnelles, visites d’écoles et de campus étudiants, rencontre de professeurs…

Les temps courts

Les temps courts sont essentiels aussi car ils sont ceux de l’action. Ce ne sont pas toujours les plus faciles car ils engagent.
Nous accompagnons ces jeunes qui rencontrent des difficultés à faire leurs premiers choix, leurs premiers pas dans l’orientation. Redoutant de se tromper de chemin, ils reportent sans cesse le moment de la décision. Ce qui s’exprime par une forme d’attentisme, cache en réalité une grande préoccupation face aux enjeux de leur avenir. Comme paralysés, ces jeunes accordent peut-être trop de poids, un caractère trop solennel à ce moment. Cela les empêche de passer aux étapes suivantes. Par leur « non choix », ils prennent du retard.  

Nous les aidons alors à comprendre que l’orientation se fait en réalité par une succession de « petits » choix, qui vont façonner peu à peu, une trajectoire cohérente à leurs aspirations. Celle-ci ne se révèle souvent que plus tard et doit dans l’immédiat être guidée des fondamentaux très clairs.

Trouver de la cohérence

C’est ce que l’approche CLEDO apporte de particulier au jeune : nous l’aidons à construire une boussole d’orientation qui lui est personnelle, qui met en avant tant ses atouts, ses talents que ce dont il a besoin pour être épanoui, motivé ou encore des objectifs qu’il se fixe à 5 ans. Ce travail de fond jalonne la trajectoire sans la figer. Le jeune se sent apaisé : « j’y vois plus clair », sans se sentir enfermé dans une voie : « j’ai vu qu’il y avait plein de voies possibles » (1).

Ainsi, si nous prônons une qualité de réflexion sous-tendue par un temps de maturation significatif, nous ne sous-estimons l’importance d’accompagner le jeune à avancer vers un processus d’effectuation, en l’aidant à faire des choix qui structurent son futur autour de quelques pistes cohérentes et dans lesquelles il se projette avec enthousiasme.

Ainsi, quel serait le bon âge ? Très tôt, dès le milieu du collège sur un mode très ouvert et exploratoire, puis au Lycée avec des objectifs concrets pour clarifier le projet et préparer l’élaboration de vœux ciblés et de formations adéquates en début de Terminale, en vue de l’ouverture de Parcoursup. Nombreux sont aussi les étudiants en études supérieures qui nous sollicitent car ils sont à nouveau face à des décisions importantes pour leur carrière.

Ne perdons pas de vue que l’orientation est le questionnement de toute une vie ! 

Axelle LARROUMET
Fondatrice du Réseau CLEDO | Orientation Scolaire et Professionnelle
Auteur de “Réussir son Orientation”, ED. Hoblik, 2017 (plus d’infos)
www.cledo.fr


Références

(1) Sondage auprès des parents qui nous ont confié leur enfant : près de 30% des parents considèrent qu’ils ont finalement fait appel à nous « un peu tard ». (Etude Réseau CLEDO Orientation Scolaire et Professionnelle, Avril 2020)

(2) Sondage Cnesco-CNAM 2018 : 71 % des jeunes déclarent avoir écarté d’eux-mêmes une possibilité d’orientation scolaire qui les avait intéressés


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