Orientation scolaire : avancer dans une direction plutôt que choisir un métier
A l’aube des premiers résultats Parcoursup, la peur de faire un mauvais choix peut envahir le jeune. Cela nous donne l’occasion de revenir sur ce qui fonde un « bon » choix et comment nous pouvons réduire le phénomène anxiogène qui se développe lorsque le choix n’est pas adossé à des fondements clairs. Nous vous partageons ici quelques réflexions.
Le jeune face au fameux : « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »
A l’heure où les choix d’orientation s’imposent de plus en plus tôt aux jeunes, nous observons que la pression de devoir “choisir un métier” peut devenir une réelle source d’angoisse, de blocage ou de démotivation. Or, cette question, posée dès le collège ou le lycée — « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » — semble découler d’une logique dépassée. En effet, dans un monde en constante évolution, impactant la nature même des métiers, l’important nous semble moins de fixer une destination définitive que d’ouvrir le champ des possibles afin d’éclairer et faciliter les choix à venir. La vie est faite d’opportunités, ne l’oublions pas ! Ainsi, l’idée selon laquelle il faudrait, dès l’adolescence, avoir une vision claire de son avenir professionnel nous semble reposer sur une conception réductrice et anxiogène du parcours de vie.
Vers des parcours variés offrant beaucoup de richesse
En effet, au regard de certains parcours inspirants, nous identifions que pour un même métier, les manières d’atteindre son objectif sont multiples. Plus encore, nous constatons que certains changements de trajectoire inopinés ou même subis s’avèrent in fine forts enrichissants voire parfois même plus profitables qu’une évolution de poste toute tracée.
Ainsi, dans un élan d’agilité encouragé par notre monde actuel, et prenant conscience que les compétences acquises dans un domaine peuvent être transférables à d’autres univers, les candidats à la reconversion professionnelle se multiplient – le plus souvent mus par une quête de sens accrue. Pour accompagner cela, les formations tout au long de la vie se démocratisent, le regard des recruteurs s’ouvre peu à peu aux parcours atypiques. En un mot, le monde professionnel se transforme, sous l’impulsion également de jeunes générations qui arrivent avec d’autres attentes, et apportent d’autres repères.
Une approche ouverte et créative pour définir de grandes orientations
Face à cette profonde transformation du monde professionnel, nul doute que nous devons sans tarder repenser le schéma réducteur implicitement induit lorsque nous questionnons sans détour le jeune avec ce fameux « qu’est-ce que tu veux faire plus tard » ?
Il nous semble que notre rôle est au contraire d’aider le jeune à concevoir sa vie professionnelle de manière ouverte et inventive. Nous pourrions lui suggérer de se la représenter telle une construction sur mesure qu’il aura à édifier à son image. A ce titre, questionner ses talents, ses sources de motivation sera réellement structurant pour définir de grandes orientations.
Pas d’orientation sans une bonne connaissance de soi
En effet, ici le travail de connaissance de soi devient la pierre angulaire du sens et de la cohérence des choix. C’est un travail exigeant, qui engage le jeune dans un questionnement en profondeur, qui l’amène à une prise de recul par rapport à ses projets, sa manière d’interagir, de se représenter le monde, et surtout, de vouloir y contribuer demain !
Avec les consultant du réseau CLEDO, le jeune est accompagné pour effectuer ce travail de fond sur ses fondamentaux (clés de motivations, talents, valeurs, sujets d’intérêt…). Il apprend à se connaître : quelles sont ses forces, ce qui l’épanouit, ce qui le motive ? Préfère-t-il travailler en équipe ou de manière autonome ? Aime-t-il résoudre des problèmes techniques, animer des groupes, créer, organiser ? Autant de questions qui orientent vers un ou plusieurs univers professionnels sans pour autant figer un choix.
Une exploration progressive pour construire des projets évolutifs
En classe, le jeune apprendra beaucoup de choses, mais pas à s’orienter. Pourtant, l’orientation est une compétence essentielle à acquérir pour son avenir.
Ici, l’accompagnement est pensé comme une exploration progressive où l’on vient confronter des idées à des fondamentaux clairs, afin de faire émerger des projets porteurs de sens.
Ainsi, les pieds sur terre, sans omettre de rêver ou au moins d’oser, on avance, on teste, on ajuste. Rien n’est figé dans le marbre, car le jeune est en construction. Sa connaissance de soi évoluera avec l’âge et au gré de ses expériences. Dans ce cheminement sain et légitime, s’ajuster ne sera pas vécu comme un renoncement mais deviendra au contraire le reflet d’une maturité qui se développe.
S’engager avec confiance et construire une vie professionnelle qui nous ressemble
Dans notre travail d’accompagnement des jeunes, nous prenons soin de laisser cette latitude, cette souplesse évolutive aux projets que nous construisons ensemble. Ainsi, la décision est plus légère, car elle n’est définitive. Elle ne symbolise pas le renoncement du choix mais au contraire l’exaltation d’un tout début.
Cette approche redonne confiance au jeune dans sa capacité à mener ses projets. Il comprend qu’il n’y a pas de “bon choix” dans l’absolu, mais des choix qui lui conviennent mieux, cohérents avec un moment de sa vie. Ceci lui donne l’envie d’avancer et de poser un premier jalon sur cette longue et passionnante route qu’est la vie professionnelle !
En définitive, orienter un jeune, ce n’est pas lui demander de prédire son futur, mais le questionner pour l’aider à choisir pas à pas une direction où il pourra grandir et s’épanouir pour peu à peu, construire une trajectoire qui lui ressemble pleinement.
Axelle LARROUMET, fondatrice du réseau CLEDO
www.cledo.fr